Les Cultures de la Grèce Antique
D’Agamemnon à Alexandre le Grand
Pointe-à-Callière Cité d’archéologie et d’histoire de Montréal.
350 Place Royale
Vieux Montréal
H2Y 3Y5
(514) 872-9150
Email : pacmusée.qc.ca
Du 12 décembre 2014 au 26 avril 2015
Cette exposition présente des objets d’une étonnante qualité et diversité. Elle explore des époques prédatant de millénaires la culture athénienne: culture des Cyclades, la civilization minoenne ou crétoise, l’héritage de Mycène évoquée par les poèmes homériques, la culture de la Grèce archaïque… Le périple muséal conclut avec l’art des règnes de Philippe II et d’Alexandre le Grand.
La civilization de la Grèce classique et particulièrement celle d’Athènes, ont constitué une référence pour l’Empire romain, ainsi que pour les cultures de l’Occident: ce qui est souligné ici est le fait que la Grèce antique a conjugué au fil du temps une succession de cultures et d’expressions artistiques. Patrie de Periclès, de Socrate, de Phidias… Athènes marque un point culminant dans l’histoire ancienne, tout en marquant l’aboutissement d’une longue histoire. Le circuit muséal commence avec les premières cultures sédentaires antérieres à 6000 av.n.è., il continue avec les culture des Cyclades, suivies par la culture crétoise et mycénienne du deuxième millénaire av.n.è.; une place importante est accordée à la Grèce archaïque qui prépare un sommet représenté par Athènes, en concluant avec les objets découverts dans les tombeaux royaux de la période de Philippe II de Macédoine et de son fils Alexandre le Grand, qui meurt en 323 av.n.è., date qui désigne le début de l’époque hellenistique. Plus de cinq cent oeuvres d’art et d’objets archéolgiques témoignent ainsi de plus de cinq mille ans d’histoire de la Grèce.
Vingt-et-un musées grecs, dont le réputé Muséee National d’archéologie d’Athènes, ont fourni des oeuvres pour l’événement. Selon ses organisateurs, il sèagit de la plus importante exposition d’art de la Grèce antique réunie en Amérique du Nord depuis une génération. Dirigé par Terence Clark, archélogue du Musée canadien d’histoire à Gatineau, elle est fruit d’un effort commun de quatre musées nord-américains – dont le Musée de Pointe-à-Callière – en collaboration avec la Direction générale des antiquités et de l’héritage culturel de la Grèce.
Des sommets de l’art de la Grèce antique sont présentés: en effet, l’on peut admirer au fil du parcours, l’allégresse des formes et le chromatisme lyrique des fresques d’oiseaux du palais royal de Cnossos, situé en Crète, érigé au milieux du deuxième millénaire av.n.è.; des masques funéraires en or de Mycène découverts par l’archéologue allemand Heinrich Schliemann… on reflète sur la force psychologique et l’universalité du message d’un copie romaine d’un buste athénien de Platon du quatrième siècle av.n.è. L’air enchanté d’un personnage royal et “divin” à la fois, est manifesté par une statuette hellenistique en marbre blanc représentant Alexandre le Grand doué d’un coprs d’ephèbe nu, qui incarne une expression de Pan, dieu de la nature sauvage.
Une bonne scénographie muséale personnalise pour nous certains héros. Ainsi la narration aborde l’énigme d’Homère, barde légendaire, qui a légué à l’histoire et la littérature la richesse dramatique et mythologique des épisodes de la guerre de Troie. Le commentaire aborde des aspects du débat savant autour du masque royal, faussement attribué dans un premier temps par Schliemann à Agamemnon – roi de Mycène et personnage homérique – à cause d’une erreur de datation: et ailleurs, au long du circuit, le texte explicatif esquisse l’image du roi spartiate Léonidas, mort en 490 av.n.è. en combattant les envahisseurs perses de la Grèce… Les fastes de la cour de Philippe II de Macédoine et l’extravagance royale deviennent palpables aux yeux du spectateur lors de la dernière étape du parcours, grâce à des objets somptuaires provenant des caveaux des tombeaux royaux d’Algaï, au nord de la Grèce.
L’or brille de ses splendeurs à chaque moment du trajet. Si une qualité semble également partagée par les cultures de la Grèce, c’est l’abondance et le niveau artistique des objets en or, en commençant avec les premières cultures sédentaires. Un magnifique pendatif rond avec une grande ouverture circulaire au centre, qui était attaché à des vêtements cérémoniaux, est daté de la fin du néolithique (4500 à 3200 av.n.è.) et provient de l’ouest de la Macédoine. La culture mycènienne regorge d’objets en or : masques funéraires, colliers, boutons de vêtements, coupes cérémoniales, ornements d’épées. Les deux masques royaux – dont celui faussement attribué à Agamemnon – nous interpellent de leur curieuse beauté. Un anneau de l’époque macédonienne (d’environ 330 av.n.è.) est inscrit : « Kleitai doron »; un cadeau pour Kleita.
Toujours de Macédoine, du tombeau d’un prêtre-guerrier, d’environ 330 av.n.è., une couronne en or reproduit une ramée de feuilles de myrte avec fleurs, pétales et pistils : la délicatesse et le réalisme du travail sont saisissants.
Des représentations du corps féminin produites au temps du néolithique tardif ou dans le conteste de la culture cycladique entre environ 5000 et 2300 av.n.è., sont chargées d’une grande énergie archétypale. Elles remplissaient une diversité de fonctions, dont des rites de fertilité et d’initiation, sous le pouvoir de la Grande déesse mère. Le sexe féminin est parfois marqué d’une fente verticale. Les traits et les volumes des figurines sont extrêmement géométrisés. L’art cycladique dans sa simplicité, son abstraction et son équilibre, a constitué une puissante source d’inspiration pour des peintres et des sculpteurs du vingtième siècle, dont Modigliani, Lipschitz, Giacometti ou Henry Moore.
La complexe culture commerciale et bureaucratique minoenne – dénommé aussi « culture palatiale », centrée autour de palais – connaît à la fois l’écriture hièrogliphique et l’écriture linéaire A. Son principal foyer est l’ensemble palatial de Knossos. La culture crétoise développe un extrême raffinement reflété par l’abondance de l’or; des cruches, jarres et amphores en argile… Ses peintures murales expressives font preuve d’un gai chromatisme. La femme et le jeune homme y sont représentés de manière ludique et on dirait « laïque », dans une insouciante joie de vivre, que l’on peut également retrouver un demi millénaire plus tard dans l’art étrusque, bien illustrée par l’exposition Les Étrusques, présentée par le musée Pointe-à-Callière en 2012.
Par contraste, l’art hellène, à partir de l’âge mycenien, démontre une gravité existentielle, sans pour cela exclure le luxe et des aspects festifs.
L’écriture linéaire B représente une forme initiale de la langue grècque ancienne. Inscrite sur des tablettes en argile découvertes à la fois en Crète et à Mycène, cette écriture a été déchiffrée. (en contraste à l’écriture linéaire A) Ainsi un lien peut être tracé entre Mycène et la Grèce classique.
Évoquées par Homère, des guerres au à la charnière d’environ 1000 av. n.è., amènent la fin de la culture dite mycènienne. Les épées en fer de l’Âge du fer accèlerent la fin de l’Âge du bronze et des forteresses myceniennes. Cependant, après un délais de quelques siècles, dans la Grèce archaïque – dont Athènes est l’héritière – la culture grecque se définit et elle découvre sa véritable identité.
Au rythme des statues du sixième siècle, Kouroi et Korai, jeunes hommes et femmes représentés debout et illuminés d’un sourire ravi, les Grecs « apprennent à représenter le corps », selon Jacques Perreault, professeur d’archéologie de l’Université de Montréal. « Le miracle grec a lieu », explique M. Perreault. « Les sculpteurs transforment, apprennent, ils innovent ». Des Nikes, statues votives ailées à apparence féminine qui semblent prêtes à s’envoler, appartiennent à cette période. En l’espace d’un siècle, les Grecs maîtrisent la représentation fidèle- idéalisée même – de l’anatomie et du corps athlétique en mouvement. L’image du corps athlètique est partagée entre hommes et dieux investis, eux, de qualités humaines.
Illustrant l’importance historique de la Grèce, l’exposition inclue des bustes et des statues de Sophocle, Demonsthène, Platon et Aristote, en copies romaine d’originaux athéniens perdus. D’un artiste inconnu, le portrait de Platon en buste, au regard intériorisé et au front massif, réussit l’expoit de traduire la force d’une pensée qui transcende l’histoire.
À la fois plus délicat, agité et sensible à des effets de perspective, moins grave ou existentiel que l’art d’Athènes, l’art de la sculpture, de la mosaïque et du travail des métaux à la cour de Philippe II s’ouvre sur l’éloquence mouvante de l’époque hellenistique…
Réaliste, d’une figuration accomplie et idéaliste, empreinte du concept d’équilibre et de modération, l’esthétique humaniste de la Grèce classique accompagnera l’Occident jusqu’à l’éclosion des courants modernistes dans la deuxième moitié du dix-neivième siècle.